La dissolution fait peser un risque sur la tenue des JO. Et s’ils étaient reportés ?
En décidant, emporté par son narcissisme, de dissoudre l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron n’a pas seulement suicidé son quinquennat et sa majorité, ouvert grand les portes du pouvoir à l’extrême droite et formidablement accéléré la crise existentielle que connaît notre pays. Il a compromis la tenue des Jeux olympiques de Paris 2024, ce qui pourrait porter le coup de grâce au crédit et à l’image de la France. Thomas Bach, président du Comité international olympique (CIO), a officiellement déclaré que «les élections législatives sont un processus démocratique qui ne va pas perturber les JO ». En réalité, il n’en est rien. Les Jeux de Paris sont percutés de plein fouet par la dissolution et les élections législatives. Thomas Bach en est conscient. Il a été sidéré par la dissolution puis effaré par les déclarations d’Emmanuel Macron prédisant la guerre civile en cas de victoire de ses adversaires. Il s’est donné jusqu’à la mi-juillet pour confirmer, annuler ou reporter les Jeux de Paris, avec pour dommage collatéral la remise en cause de la candidature des Alpes françaises pour les Jeux d’hiver de 2030.
La décision n’aurait pas de précédent. Seules les guerres mondiales ont entraîné la suspension des JO prévus à Berlin en 1916, à Tokyo en 1940 et à Londres en 1944 ; seule la pandémie de Covid a justifié leur report en 2021 à Tokyo. Deux motifs pourraient cependant contraindre le CIO à cette solution : la sécurité et les transports.
Les JO de 2024 reposent sur deux paris à très haut risque : localiser le centre de l’organisation, de l’accueil des athlètes et des épreuves en Seine-Saint-Denis, département marqué par la pauvreté, la concentration de l’immigration, la radicalisation de la population, l’explosion régulière de violences urbaines dévastatrices ; transformer le coeur de Paris en stade à ciel ouvert en le vidant de ses activités, de ses habitants et de toute circulation autre que celle des véhicules officiels. Ces deux paris pourraient se révéler aussi désastreux que celui de la dissolution.
Nul ne peut douter que l’obtention par le RN d’une majorité absolue ou d’une quasi-majorité à l’Assemblée nationale provoquerait, dès la nuit du 7 au 8 juillet, des violences insurrectionnelles de l’extrême gauche. La SeineSaint-Denis, son village et ses sites olympiques constituent des cibles particulièrement exposées et vulnérables. La situation est d’autant plus préoccupante que les forces de sécurité intérieure sont dans l’incapacité de gérer un nouveau cycle d’embrasement des villes, et que la menace du terrorisme islamiste n’a jamais été aussi élevée depuis 2015.
Le président du CIO a été effaré par les déclarations d’Emmanuel Macron prédisant la guerre civile.
Le second risque provient des transports, avec la volonté de tout miser sur les transports en commun pour assurer la mobilité des 15 millions de spectateurs. Les Jeux de Paris dépendent donc entièrement de la continuité de service de la RATP et de la SNCF, qui a justifié la neutralisation de la réforme des retraites et le versement de primes substantielles à leurs agents. Mais, en cas de victoire du RN, la CGT, Sud ainsi que les syndicats ou forces d’extrême gauche pourraient se réclamer de la résistance civile pour bloquer les réseaux de transport.
Dans tous les cas de figure, la dissolution a transformé les Jeux de Paris en catastrophe pour l’économie et l’image de la France. Loin des 9 milliards d’euros de retombées annoncées, le tourisme à Paris est en voie d’effondrement en raison de l’insécurité chronique et de l’instabilité politique. Le chiffre d’affaires de l’hôtellerie et des grands magasins affiche, en juin, un recul de 25 et 10 %. Le pire reste à venir avec les vagues d’annulation qui affluent en raison de la peur des violences.
Même s’ils finissent par se tenir, les Jeux de Paris 2024 ne seront pas une fête mais l’enterrement de la démocratie et de la République. Sous la mise en danger des Jeux de Paris 2024, on trouve la même légèreté, la même arrogance et la même démesure qui ont conduit au quitte ou double suicidaire de la dissolution et à l’échec politique d’Emmanuel Macron. Indifférent à ce tout ce qui n’est pas lui-même, il ne se montre pas moins méprisant envers les athlètes, les bénévoles, les spectateurs et les entreprises mécènes qu’envers les citoyens et le destin de la France.
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Chronique parue dans Le Point du 4 juillet 2024