L’école doit devenir le laboratoire du redressement de la France. Sept pistes pour stopper l’effondrement en cours.
A l’âge de l’histoire universelle, de l’économie de la connaissance et de la révolution de l’intelligence artificielle, l’éducation est la clé de la richesse et de la puissance des nations. Elle détermine aussi la défense de la démocratie dès lors que ce sont les citoyens qui constituent son ultime rempart. L’ignorance reste en effet le pire ennemi de la liberté comme le premier allié de l’autoritarisme et du fanatisme. Or l’éducation se trouve en voie d’effondrement en France. Alors qu’elle constitua longtemps un atout, elle représente aujourd’hui une menace majeure pour le développement, la cohésion de la nation et la pérennité de la République. Et ce en raison d’un triple choc de refus du savoir, de démission devant la violence et de soumission à l’obscurantisme.
La France occupe une calamiteuse 26 place sur 32 pays développés dans l’enquête Pisa de 2022. Ses résultats sont confirmés par l’évaluation nationale des élèves entrant en quatrième réalisée en 2023, qui montre que 52,8 % des élèves ne maîtrisent pas les compétences élémentaires requises en français et 54,7 % en mathématiques. Les trois quarts des élèves présentant un retard scolaire ne savent ni lire ni compter. L’enquête Pisa établit que 20 % des élèves subissent une situation de violence plus d’une fois par mois, ce qui est cohérent avec le recensement de plus de 70 000 incidents graves par an. Le harcèlement est généralisé et débouche sur une violence extrême, qui a été tragiquement illustrée par l’assassinat de Shemseddine à Viry Châtillon et le lynchage de Samara à Montpellier. Une majorité de professeurs travaillent avec la peur au ventre et se censurent, a fortiori depuis la décapitation de Samuel Paty et l’assassinat de Dominique Bernard. La démission du ministère a été une nouvelle fois démontrée par la mise en retraite anticipée du proviseur du lycée Ravel, à Paris, en raison des menaces de mort dont il a fait l’objet, travestie en demande de congé pour convenances personnelles par le rectorat de Paris au nom de la doctrine « Pas de vagues ! ».
La faillite est, enfin, intellectuelle et morale. Sous couvert des algorithmes, la mixité sociale a évincé le travail, l’acquisition des connaissances et les résultats scolaires. Sous la pression des familles, le mensonge s’est systématisé sur les notes, les examens et les diplômes – avec pour symbole la dévalorisation du bac, qui affiche en 2023 un taux de réussite de 90,9 % sans que nombre de reçus sachent lire, écrire et compter. Faute de soutien de la part de la classe politique et de l’État, l’école a rompu avec l’éthique de la connaissance et les valeurs universalistes pour laisser le champ libre aux islamistes et aux wokes.
Le naufrage de l’éducation ne trouve pas sa cause dans le manque de moyens puisque le budget s’élève à 64,2 milliards d’euros pour 12 millions d’écoliers et lycéens et que les dépenses éducatives atteignent près de 110 milliards d’euros, largement audessus de la moyenne de l’OCDE. Mais la dépense éducative est totalement inefficace. Les enseignants sont sousformés et déclassés, avec une chute de 28 % de leur rémunération réelle depuis 1982, ce qui se traduit par une crise majeure de leur recrutement. Les réformes ont été catastrophiques, encourageant avec constance tout ce qui échoue et sanctionnant tout ce qui réussit. Avec, pour derniers avatars, le rétablissement de l’uniforme, qui n’est qu’une diversion inutile, ou la relance de la guerre scolaire, avec la volonté, faute d’améliorer l’enseignement public, d’étouffer les établissements privés qui scolarisent 2 millions d’enfants et obtiennent des résultats supérieurs de 20%, à composition sociale égale, pour un coût inférieur de 1 200 euros par élève et par an.
Sous couvert des algorithmes, la mixité sociale a évincé le travail et les résultats scolaires.
L’Éducation nationale ne relève plus de réformes périphériques mais d’un changement de modèle. Le choix effectué depuis plusieurs décennies d’un système autoritaire et centralisé, substituant à la transmission du savoir l’objectif de mixité sociale confondu avec la réduction des inégalités, a échoué en France comme partout dans le monde. Il faut lui opposer une organisation décentralisée privilégiant l’acquisition des connaissances pour les élèves comme pour les professeurs, la reconnaissance de l’effort, la liberté de choix et la responsabilité des familles.
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Chronique du 11 avril 2024