L’Union se trouve donc devant un choix cardinal : se repenser en termes de souveraineté ou bien cesser d’être un acteur du XXIe siècle.
L’année 2022 restera comme l’année de toutes les ruptures. Rupture stratégique avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a ouvert la grande confrontation entre les régimes autoritaires et les démocraties, tout en ramenant la guerre au cœur de l’Europe. Rupture économique, avec l’accumulation des chocs inflationniste, énergétique, alimentaire, financier qui enterrent le cycle de la mondialisation libérale.
Rupture politique et morale, avec le trou d’air des empires autoritaires qui contraste avec le réveil des démocraties.
Les États-Unis font figure de grands gagnants, forts de leur autonomie énergétique et alimentaire, de leur domination dans les secteurs de la technologie et de l’armement, du rôle de valeur refuge du dollar, de la démonstration de leurs capacités militaires, du renforcement de leurs alliances en Europe et en Asie. L’Union européenne a connu un sursaut en se mobilisant pour aider l’Ukraine, en s’émancipant de sa dépendance au gaz russe, en se réarmant dans le cadre de l’Otan, en cherchant à protéger son industrie, notamment par l’instauration d’une taxe carbone aux frontières du grand marché. Pour autant, le regain de l’Union est très fragile et contraste avec le redressement des États-Unis. La zone euro plongera en effet dans la récession en 2023 en raison du prélèvement de 4 % du PIB provoqué par la hausse du pétrole et du gaz. Or l’Europe se montre incapable de s’unir face à ces défis et les stratégies non coopératives prévalent. La réforme du marché de l’électricité reste dans les limbes, compte tenu de l’opposition de l’Allemagne. Les systèmes d’aides sont hétérogènes, la France et l’Europe du Sud privilégiant les ristournes ou le plafonnement des prix, l’Allemagne et l’Europe du Nord, les chèques aux entreprises et aux ménages. Surtout la mobilisation par Berlin de 8 % de son PIB, principalement orientées vers le soutien de l’offre, crée une distorsion de concurrence intenable au sein du grand marché. Enfin, la BCE est écartelée entre, d’une part, l’impératif de la lutte contre l’inflation, amplifié par la chute…
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