Lire ou relire Frédéric Bastiat, c’est se souvenir que la France est l’un des grands pays du libéralisme.
Je voudrais recommander la lecture d’extraits de Frédéric Bastiat, cela s’appelle L’Etat ou La Grande Illusion, et c’est publié dans la collection Faute à Voltaire chez Arfuyen.
Pourquoi est-ce que je recommande Bastiat ? Parce que c’est toujours un bonheur. Je vous cite juste ce passage sur les impôts: « Ainsi, dans le public des espérances, dans le gouvernement deux promesses : beaucoup de bienfaits et pas d’impôts. Espérances et promesses qui, étant contradictoires, ne se réalisent jamais. Il suffit aux courtisans de popularité de crier aux oreilles du peuple : « Le pouvoir te trompe; si nous étions à sa place, nous te comblerions de bienfaits et t’affranchirions de taxes. » Et le peuple croit, et le peuple espère, et le peuple fait une révolution. »
C’est d’abord un livre formidable, on y trouve aussi la pétition des fabricants de chandelles, bougies et lampes qui est extraordinaire puisqu’elle fustige l’intolérable concurrence d’un rival étranger qui est le soleil, et elle appelle à la fermeture de toutes les ouvertures qui laissent rentrer la lumière ce qui permettrait de relancer la consommation d’un côté et d’alimenter l’offre national de l’autre (et la démographie en plus, dit Jean-Louis Bourlanges). C’est extrêmement jubilatoire, et l’autre raison, qui est une raison aussi importante, est qu’on oublie toujours que la France est un des grands pays du libéralisme et aussi sur le plan économique donc on se souvient quand même un peu aujourd’hui davantage de Constant et de Tocqueville au plan politique, mais Jean-Baptiste Say, Bastiat et Léon Walras qui a été obligé de s’exporter en Belgique tellement il était mal compris en France : il y a une grande tradition économique du libéralisme français du XIXe siècle qui mérite toujours d’être rappelée et reconnue.