Plus la France s’enfonce dans la récession, plus François Hollande s’enferme dans le déni.
En guise de choc de confiance, la France est frappée de plein fouet par le choc de la récession. Celui-ci résulte du blocage de tous les moteurs de l’activité avec un recul de la consommation de 0,1 %, du pouvoir d’achat de 0,9 %, de l’investissement de 0,8 %, des exportations de 0,5 %. Moins d’un an après son arrivée à la tête de l’État, il ne reste rien de la stratégie économique de François Hollande. La promesse du pacte de croissance s’est muée en récession. Loin de s’inverser, la courbe du chômage va se creuser en 2013. Le déficit, qui devait être limité à 3 % du PIB et qui justifiait le choc fiscal de 2 % du PIB, dépassera 4 % et la dette, qui devait plafonner à 90 % du PIB, atteindra 96 % à fin 2014.
Or plus la débâcle est avérée, plus le président de la République s’enferme dans le déni. Déni de la crise de l’euro, qui n’est nullement derrière nous. Déni de la crise de la France avec l’invocation rituelle du principe selon lequel « nous avons passé le plus difficile », quand la dégradation de l’économie s’accélère. Déni de l’échec, enfin, avec la réaffirmation des orientations qui ont spectaculairement échoué et qui sont directement responsables de la récession.
La récession française ne trouve en effet sa cause ni dans la mondialisation ni dans la zone euro. Elle n’est pas due aux marchés financiers ou à Angela Merkel mais doit tout à François Hollande. Contrairement à 2009, qui avait vu l’activité chuter de 4,5 %, la croissance mondiale atteindra 3,5 % en 2013. L’activité se redresse nettement aux États-Unis, qui affichent une croissance de 2,5 %, un chômage ramené à 7,5 % de la population active et un déficit public réduit à 4 % du PIB. Le Japon a retrouvé un rythme de croissance de 3,5 % grâce au retour de la confiance favorisé par Shinzo Abe. Et si la zone euro demeure en récession, des progrès sensibles sont réalisés par l’Espagne et l’Italie, dont les entreprises se relèvent en même temps que leur balance commerciale devient excédentaire. Même la Grèce commence à se stabiliser. Force est de constater que la zone euro tire les leçons de la récession. Sous l’autorité de Mario Draghi, la BCE a changé sa stratégie monétaire, s’érigeant en prêteur en dernier ressort des États et des banques et diminuant ses taux. Surtout, l’ajustement budgétaire des pays du Sud a été étalé dans le temps pour accorder la priorité aux réformes structurelles, tandis que l’Allemagne multiplie les mesures de reflation, à l’image de la hausse des salaires de 5,6 % dans la métallurgie.
Ce n’est donc pas l’Europe mais la France et son président qu’il faut faire sortir de leur aveuglement. La récession française est la conséquence directe du choc fiscal de 2012, qui a porté le coup de grâce à un appareil productif exsangue. Elle se prolongera tant que la politique économique ne sera pas totalement redéfinie. La récession prendra fin et le chômage diminuera en France le jour où la politique économique donnera une priorité absolue à la production et à la compétitivité. La déflation doit être enrayée au plus vite par un contrechoc des réformes. Autour de quatre priorités. Le sauvetage de l’appareil productif par le relèvement du taux de marge des entreprises grâce à la baisse des impôts et des charges pesant sur le travail. La sortie des 35 heures et la déréglementation du marché du travail. La baisse de 100 milliards d’euros des dépenses publiques en dix ans et leur redéploiement vers les usages productifs. La lutte contre l’échec scolaire et la réinsertion des 1 900 000 jeunes sans aucune activité ni formation.
Face à la débâcle de sa première année de mandat, François Hollande s’abrite derrière cette même crise qu’il ne cesse de nier. « Je suis président au pire moment », affirme-t-il. Il se révèle plutôt le pire président compte tenu du moment. Avant de prétendre donner un « vrai président » à la zone euro, il devrait commencer par donner un vrai président à la France.
(Chronique parue dans Le Point du 23 mai 2013)