Face à la loi du plus fort imposée par les empires russe et américain, le chancelier Friedrich Merz fixe une ligne claire : relance de l’économie, fin de l’austérité et réarmement.
La révolution conservatrice conduite par Donald Trump, qui entend refonder les États-Unis autour d’une démocratie illibérale, d’un capitalisme de prédation et d’un alignement sur les empires autoritaires, télescope toutes les démocraties. Elle constitue un traumatisme existentiel pour l’Allemagne qui s’est reconstruite après 1945 autour des valeurs libérales portées par l’Amérique.
La conférence sur la sécurité de Munich a tourné à l’électrochoc, qui a vu J. D. Vance acter le ralliement de l’administration Trump au narratif et aux revendications russes sur l’Ukraine, confirmer la désintégration politique sinon la dénonciation juridique de l’Alliance atlantique, afficher son soutien aux partis d’extrême droite, à commencer par l’AfD.
Responsabilité historique
L’Allemagne a brutalement réalisé sa solitude face à un monde qui a basculé. Solitude face à l’obsolescence de son modèle mercantiliste, qui se traduit par une activité stagnante depuis 2019, une production industrielle en chute de 7 % depuis 2018, l’envolée des faillites et la fin du plein-emploi – et ce, au moment où les mesures protectionnistes des États-Unis pourraient lui coûter 1,5 % de son PIB.
Solitude face à la menace impériale de la Russie du fait de la disparition de la garantie de sécurité des États-Unis qui la désignent désormais comme un adversaire. Solitude face à la montée de l’extrême droite, dorénavant activement soutenue par l’administration Trump.
incontestable, mais moins nette qu’attendu. Il représente la dernière chance avant l’arrivée au pouvoir de l’AfD.
Il concentre les espoirs des Européens de sortir le continent de la stagnation et de le réarmer. Il donnera au monde une indication cruciale sur la volonté et la capacité de l’Europe de défendre la liberté économique et politique ou bien sur sa soumission au nouveau désordre mondial et à loi du plus fort imposée par les empires.
L’effort de défense à 3,5 % du PIB en 2030
Pour n’être pas encore gagné, le pari de Friedrich Merz de stabiliser une Allemagne désorientée en la remettant en mouvement paraît bien engagé. Il a défini et fait valider par les électeurs une ligne claire qui associe contrôle de l’immigration, relance de l’économie, réarmement et fin de l’austérité. Il a conclu en un temps record, dès le 8 mars, un accord sur les principes de la future coalition avec le SPD.
en négociant un accord avec le SPD et les Verts qui exclut du déficit les dépenses de défense – y compris l’aide à l’Ukraine, la défense civile et les services secrets – au-delà de 1 % du PIB, ainsi que la création d’un fonds spécial pour l’investissement de 500 milliards d’euros, dont 100 pour la transition climatique et 100 pour les seize Länder.
Enfin, il a érigé le réarmement en priorité absolue, en prévoyant de porter l’effort de défense à 3,5 % du PIB en 2030, en ouvrant un dialogue stratégique avec le Royaume-Uni et la France sur la dissuasion nucléaire, en planifiant la reconversion d’une partie des capacités de l’industrie automobile vers la production d’armement.
Dynamisme du capitalisme familial
Sous la pression de Vladimir Poutine, qui entend reconstituer l’empire soviétique, et de Donald Trump, qui poursuit le dynamitage de l’Occident, l’Allemagne est en passe de se libérer du bilan catastrophique des années Merkel – marquées par la réponse déflationniste à la crise de la zone euro, par le désastre économique et écologique de la sortie nucléaire, par l’organisation de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, par l’ouverture unilatérale des frontières aux migrants qui a fait la fortune de l’extrême droite sur tout le continent – comme de la procrastination propre à Olaf Scholz qui réduisit le « Zeitenwende » à une lettre morte.
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Chronique parue dans Le Point du 18 mars 2025