Les pays du Sud et de l’Est renaissent et la Scandinavie conjugue compétitivité et transition écologique.
Face aux empires et aux tyrannies du XXIe siècle, l’Europe peut retrouver un grand projet et renouer avec le principe de son histoire, en assurant la survie de la liberté politique et économique. Mais elle doit pour cela conjurer la «lente agonie» dans laquelle Mario Draghi a montré qu’elle se trouve engagée. Au moment où beaucoup la voient plongée dans la décadence en raison de la crise majeure de ses principales nations – la France et l’Allemagne –, il importe de rappeler qu’il existe aussi une Europe qui résiste, s’adapte et gagne. Une Europe que l’on trouve au nord et au sud, à l’est et à l’ouest.
La Scandinavie est la région la plus avancée dans la conciliation de la compétitivité, la solidarité, la révolution numérique, la transition climatique et le réarmement. La Suède possède une croissance stable et durable, grâce à l’affectation de 4,2 % de son PIB à la recherche. Elle a limité son déficit à 1,7 % du PIB et sa dette publique à 33 % du PIB tout en portant son effort de défense à 2,6 % du PIB et en rompant avec plus de deux siècles de neutralité pour intégrer l’Otan. Le Danemark occupe une enviable 7e place mondiale pour la richesse par habitant et dégage un double excédent budgétaire (1,7 % du PIB) et courant (11,7 % du PIB), qui a permis de réduire la dette à 34 % du PIB. La Finlande, forte d’un exceptionnel écosystème de PME innovantes, a réussi à préserver sa croissance (1,5 %) et à contenir la dette publique à 73 % du PIB, tout en libérant son système énergétique de la dépendance à la Russie, en basculant son commerce extérieur à l’ouest et en augmentant son effort de défense de 1,3% à 2,4% du PIB. Dans le même temps, les pays scandinaves ont institué une coopération intense pour contrôler la mer Baltique et prévenir les attaques de la Russie sur leurs infrastructures critiques, notamment les câbles sous-marins.
L’Europe du Sud, à l’exception de la France, connaît aussi une véritable renaissance. L’Espagne, qui accueille 90 millions de touristes lui apportant plus de 200 milliards d’euros, affiche une croissance de 3,2 % en 2024, qui a ramené le chômage de 26,1 % à 10,6 % depuis 2013 et le déficit public en dessous de 3 % du PIB. Le Portugal tire les bénéfices de la thérapie de choc engagée à partir de 2010, avec la coupe dans les dépenses et la fonction publique, associée à une stratégie d’attractivité fiscale. La croissance s’établit à 2 % et le budget dégage un excédent de 1,2 % du PIB, avec pour résultat la diminution de la dette de 133 à 99 % du PIB en dix ans. L’Italie bénéficie de sa politique favorable aux entreprises, qui a conforté le dynamisme des exportations (4e place mondiale), la diminution du chômage à 6,2 % de la population active, la réalisation d’un excédent budgétaire primaire de 1,3% du PIB qui assure la soutenabilité de sa dette. Au terme de la plus vaste opération de restructuration de la dette publique et après des coupes de 30 milliards d’euros dans les dépenses publiques et de 20% des dépenses sociales, la Grèce se redéveloppe rapidement. La croissance a atteint 2,4 %, tandis que le chômage tombait de 30 % à 9 % de la population active et que le déficit était ramené à 1,9 % du PIB, entraînant la réduction de la dette de 201 % à 162 % du PIB et le retour du pays sur les marchés.
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Chronique parue dans Le Point du 13 février 2025