La planification écologique annoncée par Emmanuel Macron se résume à plus de technocratie, de ,ormes, de taxes et de subventions.
L’année 2023 a été marquée par une spectaculaire accélération de la crise climatique, avec des records d’émissions de carbone et de chaleur, qui vont de pair avec la multiplication des événements extrêmes. L’Europe, au climat initialement tempéré, est le continent le plus touché, comme le soulignent les canicules en France, les sécheresses, les incendies et inondations en Espagne et en Grèce. Le réchauffement est une réalité qui justifie l’objectif que se sont fixé la France et l’Europe d’une neutralité carbone à l’horizon 2050, qui passe par la diminution de 55 % des émissions en 2030 par rapport à 1990. Pour l’atteindre, il est légitime de recourir à la planification, seule à même d’assurer une vision de long terme, une cohérence entre les secteurs, une mobilisation coordonnée des acteurs publics et privés pour effectuer les gigantesques investissements requis, une évolution conjointe des structures économiques, des comportements et des mentalités.
Une ambition électrique mirifique.
Emmanuel Macron a présenté les lignes directrices de son plan le 25 septembre autour d’une cinquantaine de mesures sectorielles qui entendent réconcilier écologie, compétitivité et souveraineté. Pour les transports, il a confirmé la sortie du véhicule thermique, annoncé la location avec option d’achat de voitures électriques à 100 euros par mois et la production de 1 million de voitures électriques en France en 2030, réaffirmé l’investissement de 100 milliards d’euros pour les infrastructures ferroviaires.
Pour l’agriculture, la priorité est donnée à la réduction des engrais et des émissions des tracteurs ainsi qu’à la biomasse. Dans le bâtiment, l’effort de rénovation aura pour pendant l’équipement en pompes à chaleur, dont 1 million fabriquées en France. Dans l’industrie sont ciblés les 50 sites les plus polluants. Dans l’énergie, la relance du nucléaire ainsi que l’accélération du déploiement des renouvelables et de la biomasse permettront l’arrêt du charbon en 2027. Enfin, 1 milliard d’arbres seront plantés d’ici à 2026.
Le plan a été occulté par le nouveau chèque carburant, parfaite aberration financière et écologique.
Pour autant, l’accumulation des mesures sectorielles ne dessine ni une vision ni une planification écologique. La transition climatique est à son tour victime de la loi d’airain du « en même temps », qui mine les politiques publiques en les privant de stratégie et en les condamnant à l’incohérence. L’écologie française oscille ainsi entre la construction d’une offre compétitive et le déversement des subventions publiques pour éviter un nouveau mouvement des Gilets jaunes, entre l’impératif de souveraineté et la dépendance à la dette, entre le marché et l’étatisme. De manière symbolique, le plan a été occulté par le versement d’un nouveau chèque carburant pour un coût de 430 millions d’euros venant après plus de 20 milliards de subventions en 2022 et 2023, parfaite aberration financière et écologique.
L’écologie à la française se contente d’épouser les pathologies nationales : elle se résume à plus de technocratie, de normes, de taxes et de subventions financées à crédit. La planification relève d’une démarche étatique et centralisée qui ignore les collectivités, les entreprises et les citoyens. Elle repose sur un engagement budgétaire annuel de 40 milliards d’euros qui fait l’impasse sur les financements privés et dont la soutenabilité est douteuse compte tenu du délabrement des finances publiques. Elle multiplie les impôts et les taxes, des malus automobiles aux taxes sur les autoroutes et les aéroports qui vont peser sur le prix des péages et des billets d’avion.
Elle accroît le décrochage de la production nationale et le déficit extérieur car les ambitions mirifiques affichées en matière d’énergie nucléaire, de véhicules électriques ou de pompes à chaleur ne sont fondées sur aucune analyse ni aucun plan d’action pour identifier et déployer les entreprises, les technologies, les capitaux et les ressources humaines indispensables. Elle programme la paupérisation des Français avec une série de bombes économiques et sociales – obligation d’acheter des véhicules électriques dont le coût moyen est compris entre 30 000 et 40 000 euros, retrait de la … …location puis de l’achat et de la vente de 7 millions de résidences principales sur 33 millions au nom de la lutte contre les passoires thermiques, rénovation énergétique pour 120 000 euros par unité d’habitation en moyenne –, qui vont ruiner les classes moyennes et populaires et déchaîner les populismes.
La planification écologique constitue une nouvelle occasion manquée. Et ce alors qu’il était possible de s’inspirer de l’esprit du plan Monnet qui avait lié reconstruction et modernisation, investissement public et privé, impulsion de l’État, concertation des acteurs sociaux et mobilisation des citoyens. Et ce alors qu’existent nombre d’expériences réussies d’écologie compétitive et sociale. Les États-Unis, avec l’IRA (Inflation Reduction Act), concilient transition écologique, réindustrialisation et stabilisation de la classe moyenne. La Chine cherche à conforter le leadership industriel et la position de force qu’elle a construite en matière de véhicules électriques, de batteries, de solaire et d’éolien. La Suède a négocié avec les acteurs économiques et sociaux une stratégie zéro fossile qui définit sur une durée longue le partage des risques, les investissements et leur financement ainsi que les choix technologiques.
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Chronique du 5 octobre 2023