Les résultats obtenus sur le plan économique et stratégique sont impressionnants. L’élection présidentielle américaine de 2024 marquera un moment clé dans la grande confrontation qui s’est ouverte entre empires autoritaires et démocraties avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Depuis 2020, le monde a basculé dans une nouvelle ère marquée par l’alliance de la Chine et de la Russie contre les démocraties, la montée en puissance du Sud global, le retour de la guerre en Europe, l’éclatement de la mondialisation, le renouveau de l’inflation et la montée des taux d’intérêt. Pourtant, le scrutin américain a de fortes chances de se transformer en revanche de celui de 2020, mettant aux prises deux gérontes: Joe Biden, candidat à sa succession depuis le 25 avril 2023, en dépit de l’affaiblissement de ses capacités cognitives, et Donald Trump, cerné par les procédures, qui s’est déclaré dès le 15 novembre 2022. Le contraste est saisissant entre le renouveau de l’Amérique en tant que puissance et la crise de sa démocratie.
Déjouant les calculs de la Chine et de la Russie, que la prise d’assaut du Capitole puis la débâcle d’Afghanistan avaient convaincues de son déclin inéluctable, l’Amérique s’est réveillée et a entamé son redressement après l’agression de l’Ukraine par la Russie. Sous l’autorité de Joe Biden, elle a entrepris de transformer son modèle économique, de restaurer son leadership technologique et militaire, de relancer ses alliances.
Les résultats obtenus sur le plan économique et stratégique sont impressionnants. La croissance potentielle se redresse pour atteindre 2,1% grâce à la hausse des gains de productivité (2%) et du taux d’emploi (83,5%). L’inflation est redescendue à 3,3%, ce qui permet à la FED de stabiliser ses taux d’intérêt. Le plein-emploi résiste avec un taux de chômage limité à 3,5%. La réindustrialisation est en marche avec l’annonce de plus de 110 milliards de dollars d’investissements. Elle profitera directement du boom des secteurs de l’énergie, de la technologie et de l’armement. Par ailleurs, les États-Unis effectuent une impressionnante démonstration de leur soft power, de la valeur refuge du dollar à l’extraterritorialité du droit américain en passant par la puissance inégalée de la place financière. Dans le même temps, la guerre d’Ukraine tourne à la débâcle stratégique pour la Russie et la Chine rencontre de sérieuses difficultés démographiques avec la baisse très rapide de la population active, économiques avec la fin du modèle fondé sur l’exportation de produits industriels, sociales avec la stagnation des revenus et l’augmentation du chômage, géopolitiques avec la montée des oppositions à l’impérialisme de Pékin en Asie, la rivalité croissante avec l’Inde et le découplage d’avec les démocraties occidentales.
Ces succès ne parviennent cependant pas à enrayer la crise de la démocratie américaine dont Donald Trump est le symbole et le vecteur. Elle doit certes à la diminution de l’espérance de vie vers 76,1 ans, en raison des ravages des opioïdes et des armes à feu, ainsi qu’au ralentissement du revenu disponible amplifié par l’inflation. Mais la méfiance envers les dirigeants et les institutions répond avant tout à une dynamique politique de division de la nation sous l’effet de la guerre culturelle déclenchée par le mouvement woke, de la peur de l’immigration, de la radicalisation des opinions et de la libération de la violence. La fatigue démocratique se traduit aussi par des doutes croissants sur le bien-fondé du soutien à l’Ukraine.
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Chronique parue le 17 septembre 2023