Logement, mobilité, alimentation… Le gouvernement veut faire payer le prix de la transition écologique aux Français, déjà asphyxiés.
Le réchauffement climatique n’est pas un risque mais une réalité. La température de la planète augmente de 0,2 degré par décennie, trajectoire qui conduirait en 2100 à une hausse de 4 degrés par rapport au niveau antérieur à la révolution industrielle, contre un objectif de 1,5 degré fixé par l’accord de Paris. Déjà se multiplient les phénomènes climatiques extrêmes, des sécheresses aux incendies en passant par les inondations.
La transition climatique n’est pas une option mais un impératif. La décarbonation de l’économie reste parfaitement possible, mais à la condition de définir une stratégie efficace et soutenable tant sur le plan financier que sur le plan social. Or en France, les émotions ont supplanté la raison, comme on l’a vu pour l’énergie nucléaire. À défaut de sauver la planète, nos dirigeants ont planifié l’extinction de la classe moyenne, et partant de la démocratie.
Conception bureaucratique de la transition écologique
Les classes moyennes ont fourni l’assise des Trente Glorieuses, à travers la spirale positive de la hausse du pouvoir d’achat et des gains de productivité du travail qui ont assuré le plein-emploi, une spectaculaire amélioration de la qualité de la vie – à travers l’éradication des bidonvilles et la modernisation des logements, l’accès à la mobilité grâce à la voiture, l’abondance et la sécurité de l’alimentation -, enfin une mobilité sociale ascendante. Elles ont été ébranlées par la mondialisation, qui a généré un pouvoir d’achat fictif par la délocalisation de l’industrie et des emplois, puis par la révolution numérique qui a provoqué une polarisation des revenus et des territoires. La conception malthusienne et bureaucratique de la transition écologique est en passe de leur donner le coup de grâce.
Les classes moyennes sont en effet les premières victimes du choc réglementaire qui frappe le logement, la voiture et l’alimentation, et qui va les faire basculer dans la pauvreté.
Dans le domaine de l’habitat, la norme zéro artificialisation des sols limite et renchérit le foncier, tandis que l’interdiction de vendre, de louer et d’occuper des logements classés de E à F d’ici à 2035 implique le déclassement de plus de 7 millions d’entre eux sur un parc de 33 millions de résidences principales. Le coût moyen de la rénovation énergétique d’un logement s’élève en effet à 24 000 euros auxquels s’ajoutent 13 000 euros pour le changement imposé des chaudières au fioul et au gaz.
Simultanément ont été décidées l’interdiction du véhicule thermique en 2035 et la mise en place de zones à faible émission dans les grandes agglomérations dès 2025. Le prix d’une voiture électrique est de 35 000 euros ; il est deux fois supérieur à celui d’un véhicule thermique et représente une année de salaire moyen. L’électrification totale du parc coûtera 8 milliards d’euros par an et la hausse des prix obligera les Français à se priver de plus d’un demi-million de véhicules, notamment dans les zones rurales où il n’existe pas d’alternative à la voiture individuelle. Dans la région parisienne, 93 % des véhicules utilitaires légers relèvent d’une vignette Crit’Air 2 qui leur interdira l’accès à la ZFE en 2025, ruinant les artisans et les commerçants. Et ce, alors même qu’il n’existe ni véhicules de substitution, ni bornes de recharge, ni capacité du réseau, ni production d’électricité décarbonée en quantité suffisante.
En matière agricole, le choix par l’État d’une stratégie malthusienne fondée sur le tout biologique concentre les subventions sur des aliments de luxe en surproduction – ce qui oblige à déclasser 30 % du lait bio – tandis que les produits d’entrée et de moyenne gamme sont couverts par les importations. Dans le même temps, la stratégie européenne à l’horizon 2030, dite Farm to Fork, prévoit le gel de 10 % des terres et une réduction drastique des engrais et des pesticides, avec pour conséquence une baisse de la production agricole de 15 % et une hausse des prix de 20 % en plus des 25 % enregistrés depuis la guerre d’Ukraine.
Les classes moyennes vont ainsi subir une amputation sans précédent de leurs revenus tout en voyant leur accès au logement ou à la mobilité remis en question. Et ce au nom d’une stratégie de transition écologique pilotée par l’État qui, aux termes du rapport Pisani-Ferry, repose sur la baisse de la production, la chute de la productivité, des destructions massives d’emplois, l’augmentation de la dette publique de 25 points de PIB d’ici à 2040 et des hausses massives d’impôts alors que les recettes publiques culminent à 53 % du PIB.
Aucun effet sur le réchauffement climatique
Cette politique est suicidaire. Économiquement, elle organise la décroissance. Financièrement, elle envoie la France droit dans le mur de la dette, avec pour conséquence une chute de 25 % du PIB comme en Grèce. Socialement, elle programme la paupérisation des Français. Stratégiquement, elle renforce la dépendance à la Chine qui a conquis une situation dominante dans les secteurs du véhicule électrique, des batteries et des énergies renouvelables. Politiquement, ignorant l’ultime avertissement de la grande jacquerie des Gilets jaunes, elle planifie l’euthanasie des classes moyennes et leur basculement en faveur d’un régime autoritaire. Enfin écologiquement, la volonté de décarboner l’économie et la société dans un seul pays n’aura aucun effet sur le réchauffement climatique puisque la France ne représente que moins de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
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Chronique du 17 juin 2023