Le Conseil des sages de la laïcité est dévoyé pour être transformé en un instrument de communication du ministre Pap Ndiaye, au service de la diffusion du wokisme.
L’effondrement du système éducatif contribue à expliquer le vertigineux décrochage de la France. La crise est devenue systémique. Elle se traduit en premier lieu par la chute des performances. La France ne cesse de reculer dans le classement Pisa, passant depuis 2000 des 15e et 11e rangs aux 23e et 25e en lecture et en mathématiques :
plus de 40 % des collégiens de sixième ne maîtrisent ni la lecture, ni l’écriture, ni le calcul. Elle touche aussi les enseignants, avec, d’un côté, la progression des démissions et la pénurie des recrutements, et, de l’autre, l’écroulement de leur niveau. Elle comporte une dimension sociétale, avec la montée des inégalités, mais aussi l’explosion de la violence dans les établissements scolaires, qu’il s’agisse de rixes entre élèves, de harcèlement ou d’agressions contre les professeurs, avec pour dernière illustration le meurtre d’une enseignante d’espagnol à Saint-Jean-de-Luz. Elle se transforme en faillite intellectuelle et morale avec la remise en cause des valeurs de la République.
Le naufrage éducatif français ne trouve pas son origine dans le manque de moyens, puisque le budget s’élève à 60,2 milliards d’euros pour 12 millions d’écoliers et lycéens. Au total, la France consacre 5,2 % de son PIB à l’enseignement scolaire, ce qui est au-dessus de la moyenne de l’OCDE (4,9 %). Les raisons sont à chercher dans une centralisation paralysante et l’absence d’autonomie des établissements,
dans la rigidité du statut des enseignants, l’insuffisance de leur formation et le décrochage de leur rémunération (-28 % en termes réels de 1982 à 2018), dans la diminution drastique des heures d’enseignements fondamentaux, dans la rupture avec la transmission des connaissances et l’éthique du travail au profit de l’empathie envers les élèves et de la satisfaction des familles dans une logique consumériste.
Emmanuel Macron a donné un formidable coup d’accélérateur à la déconstruction de l’Éducation nationale en actant la substitution de l’objectif de la mixité sociale à la transmission des connaissances et en euthanasiant le mérite pour le remplacer par les algorithmes. Le dédoublement des classes en CP dans les zones prioritaires et la relance de l’apprentissage ont permis des progrès dans l’apprentissage de la lecture et dans la lutte contre le chômage des jeunes. Mais leurs effets ont été annihilés par la désastreuse réforme du lycée qui a fait éclater les classes et a détruit l’enseignement des mathématiques et des sciences ainsi que par la liquidation des filières et des établissements d’excellence.
Pap Ndiaye a été nommé pour donner le coup de grâce à l’école républicaine, ce dont il s’acquitte avec une remarquable efficacité. Alors que dans le monde entier, le succès de l’enseignement est fondé sur des établissements autonomes disposant d’un projet et d’une capacité à choisir leurs enseignants et leurs élèves, ce sont les algorithmes qui décident de tout dans notre pays. Ceci permet d’imposer en toute opacité et avec une fausse objectivité la discrimination positive et de supprimer toute prise en compte du travail et des résultats des élèves. Face à l’effondrement du secteur public, le choix est assumé non de le redresser mais d’étendre aux établissements privés les recettes de sa faillite. Comble du cynisme, le Conseil des sages de la laïcité, organisme indépendant qui veillait à la sauvegarde des principes républicains et soutenait les communautés éducatives, est dévoyé pour être transformé en un instrument de communication du ministre au service de la diffusion du wokisme et de la lutte contre le « racisme systémique ».
Le tout est acheté par une revalorisation du salaire des enseignants qui va mobiliser 5 milliards d’euros par an sans aucun effet sur la qualité de l’enseignement.
Le résultat de cette politique est connu. L’effondrement généralisé des établissements publics et privés sous contrat se traduira par l’essor du privé hors contrat et des études à l’étranger, accessibles aux seuls enfants des familles les plus favorisées – clivage qui va devenir déterminant dans la jeunesse et la population et qui fera définitivement éclater la nation. Le plus grand nombre sera voué à l’ignorance, à l’inculture et à la déqualification tout en accédant à des diplômes réduits à des chiffons de papier. Avec pour conséquences des emplois déqualifiés, l’accumulation d’un formidable ressentiment social nourri par ce grand mensonge éducatif, la flambée des populismes.
La déconstruction de l’Éducation nationale est en tout point comparable à la décomposition de notre système de santé, où l’objectif du reste à charge zéro a tué l’accès aux soins et leur qualité. Il n’existe pas de solution à la crise démocratique sans remise en marche de l’éducation.
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