Conséquence des actuelles politiques fiscale et énergétique, à l’horizon de 2030, la France manquera d’au moins 4 millions de logements.
Le logement joue un rôle décisif dans le niveau de vie des ménages – il représente un tiers de leurs dépenses – comme dans la qualité de la vie. Il est important pour l’économie, générant en France 10 % du PIB et 9 % des emplois. Il est une clé de la cohésion de la nation, car il détermine largement les trajectoires d’intégration ou d’exclusion.
Notre pays dispose d’un parc de 33 millions de résidences principales pour 68 millions d’habitants, ce qui fait apparaître un déficit de 2 millions de logements. À cela s’ajoutent les défaillances qualitatives de l’immobilier résidentiel. Notre pays compte ainsi 200 000 SDF et 4 millions de mal-logés. Les besoins s’élèvent à 450 000 logements neufs par an, en raison de l’évolution de la démographie et des exigences de rénovation. Mais les mises en vente se sont effondrées. À l’horizon 2030, la France manquera d’au moins 4 millions de logements. Avec pour conséquences l’alimentation de la bulle spéculative sur l’immobilier d’un côté, et un drame social qui nourrira l’extrémisme politique de l’autre.
Les causes de la crise sont multiples. L’impact de la hausse des taux d’intérêt a été dévastateur en 2022 : il pèsera durablement, puisque la BCE a réitéré sa détermination à ramener la hausse des prix à 2 % dans la zone euro alors que l’inflation sous-jacente s’élève à 5,2 %. Mais le logement subit surtout un choc réglementaire et fiscal. La suppression de la taxe d’habitation se traduit par une explosion de la taxe foncière, dont la base va augmenter de 7 % partout en France. Les propriétaires sont ainsi appelés à financer l’intégralité des services des communes et des agglomérations que les locataires réclament avec d’autant plus de vigueur qu’ils n’en assument plus les charges. Pour les élus, l’accueil d’habitants supplémentaires ne représente désormais que des risques financiers et sociaux, sans activités ni recettes supplémentaires. Ainsi, depuis 2020, les autorisations de construction de logements collectifs ont diminué de plus de 10 %. Le coup de grâce est en passe d’être porté par la conception de l’écologie placée sous le signe de la décroissance et du malthusianisme. Les métropoles dirigées par les écologistes – Lyon, Bordeaux, Strasbourg ou Grenoble – réduisent drastiquement les permis de construire, contribuant à alimenter la spéculation. Au plan national, la norme « zéro artificialisation nette des sols » limite et renchérit le foncier disponible. Surtout, le durcissement des normes énergétiques va provoquer le déclassement de plus de 7 millions de logements, dont les coûts de rénovation dépasseront de très loin la rentabilité potentielle. La promesse écologique se résume ainsi à une France de SDF.
Le krach du logement constitue l’un des pires passifs sociaux des quinquennats d’Emmanuel Macron, qui ne veut voir dans le secteur immobilier qu’un empilement de rentes et une vache à lait fiscale. Son poids dans l’économie et son rôle vital dans la stabilisation de la société justifient d’en refaire une priorité nationale. En arrêtant la course folle des impôts sur l’immobilier, au premier rang desquels la taxe foncière. En rendant aux maires une ressource propre permettant de financer les services publics accompagnant la hausse de la population. En prévoyant un calendrier réaliste et des aides significatives pour la rénovation énergétique. En instaurant des incitations pour la reconversion des bureaux en logements. En assurant la valorisation et la mobilité au sein du parc HLM. En supprimant les servitudes sociales qui renchérissent les logements privés.
La politique du logement, qui mobilise plus de 30 milliards d’euros avec une très faible efficacité, a vocation à être réorientée vers la production de logements pour répondre aux besoins de la population, et non pas vers l’attrition du parc. La programmation de la pénurie de logements et de l’explosion de leur coût va de pair avec l’envolée des prix de l’alimentation et avec la facture astronomique de la sortie non préparée de la voiture thermique.