Aggravés par le retour de la guerre et la poussée des autocraties, les flux migratoires, sujet tabou, appellent des mesures de fermeté.
L ’immigration constitue l’une des causes majeures de la crise des démocraties et de la montée des populismes. Elle met en effet en tension les valeurs liées aux droits humains, les équilibres économiques, la cohésion sociale et la volonté des citoyens. Elle se trouve aussi au cœur de la nouvelle donne mondiale, caractérisée par la montée de la conflictualité, la reconfiguration de la mondialisation en blocs, la multiplication des chocs.
L’immigration touche 3,6 % de la population mondiale, mais elle ne cesse de progresser sous l’effet de la poussée des régimes autoritaires et du retour en force de la guerre (2,8 millions de départs d’Afghanistan, 6,5 millions de Syrie, plus de 8 millions d’Ukraine), de la remontée de la grande pauvreté avec les crises énergétique et alimentaire, du réchauffement climatique. La coexistence de zones à basse pression démographique, vivant dans la prospérité et un État de droit d’une part, de zones à forte pression démographique, connaissant la paupérisation et la violence endémique d’autre part provoque de puissantes vagues migratoires. Avec la levée de la fermeture des frontières liée au Covid, les États-Unis ont ainsi enregistré 3 millions d’entrées illégales en 2022 et l’Union européenne plus de 330 000, notamment par l’Italie (+ 52 %), l’Espagne et les Balkans.
La mobilité des hommes est inhérente à l’histoire universelle. Les sociétés vieillissantes doivent faire appel aux jeunes et aux talents étrangers, comme en Allemagne ou aux Pays-Bas. Mais l’immigration incontrôlée représente un péril majeur pour la stabilité économique, sociale et politique ainsi que pour la sécurité des démocraties. Les empires autoritaires l’ont parfaitement compris qui, de la Russie à la Turquie, utilisent les migrants comme une arme de guerre hybride contre l’Europe.
En France, les immigrés représentent 10,2 % de la population. Par ailleurs, 52 % des immigrés proviennent d’Afrique alors que la moitié était issue d’Europe jusque dans les années 1990. Surtout, la France est confrontée à la perte de contrôle des flux et à l’échec de l’intégration. Les délivrances de titres de séjour ont doublé depuis 2000 et augmenté de 17,2 % en 2022, tandis que les demandes d’asile ont quadruplé depuis 2000 et progressé de 31,3 % en 2022. Le nombre de clandestins est estimé entre 700 000 et 900 000.
Dans le même temps, 92 % des obligations de quitter le territoire ne sont pas exécutées. La population immigrée se concentre dans des ghettos situés à la périphérie des grandes agglomérations. Il en résulte une triple faillite en matière d’éducation (18 % des enfants d’immigrés n’ont pas le brevet), de travail (le taux de chômage atteint 16,4 %) et de pauvreté (40 % au-dessous du seuil).
Il en va en France de l’immigration comme de la sécurité : la multiplication des lois aggrave les problèmes. Le projet de loi immigration du gouvernement en offre une saisissante illustration. La communication évince l’action et la logique du « en même temps », qui prétend instaurer un équilibre entre fermeté et humanité et le prive de toute efficacité. Loin de contrôler les flux, la régularisation des clandestins dans les métiers en tension ouvre une nouvelle filière d’immigration, et ce, alors que le pays compte 6 millions de chômeurs et 1,5 million de jeunes sans formation ou emploi. Par ailleurs, rien n’est prévu en matière d’intégration, qu’il s’agisse de logement, de travail ou d’éducation.
Le Danemark montre pourtant qu’il est possible de contrôler les entrées (en baisse de 28 % depuis 2014) et d’endiguer le détournement du droit d’asile (diminution des demandes de 84 %) dans le respect de l’État de droit, tout en … … réalisant l’intégration. Et ce, grâce à la lutte contre les ghettos, à des programmes individuels de formation et de parcours vers l’emploi, à la fermeture de la nationalité à toute personne condamnée à une peine de prison. Cette politique a permis de ramener l’extrême droite de 21,1 % à 2,6 % des voix depuis 2015.
Au Danemark, la politique de contrôle a permis de ramener l’extrême droite de 21,1 % à 2,6 % des voix.
Il est urgent que la France se dote d’une politique de l’immigration, qui devrait reposer sur trois piliers. 1/ La limitation des entrées, soumises à des critères stricts de maîtrise de la langue française, d’accès au logement, d’emploi et d’adhésion aux valeurs de la République. Cela doit s’accompagner de l’expulsion de tout étranger condamné à une peine de prison et de l’application effective des obligations de quitter le territoire. 2/ Une stratégie d’intégration avec le démantèlement des ghettos urbains, un parcours d’insertion des immigrés sur le marché du travail doublé d’un engagement de respecter les lois et les valeurs de la République. 3/ La reprise du contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne, qui conditionne le maintien de la liberté de circulation intérieure, notamment grâce à la transformation de Frontex en une véritable police des frontières continentales. Cela implique l’unification du droit de l’immigration et de l’asile, notamment à travers la refonte du règlement de Dublin, mais aussi le conditionnement des aides de l’Union à l’acceptation du retour des déboutés dans leurs pays d’origine (79 % des décisions restent inappliquées).
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