La nouvelle ère ouverte par la guerre d’Ukraine donne le coup de grâce à la France qui est l’homme malade de l’Europe.
Quand un régime s’effondre, il existe un moment tragicomique où tout ce qui pourrait le sauver est combattu et tout ce qui le condamne est promu et encouragé. Ainsi en alla-t-il pour la IVe République, trop faible pour gagner la guerre ou faire la paix en Algérie, qui ne se retrouvait que dans le refus de toute révision de la Constitution de 1946. Ainsi en va-t-il aujourd’hui de la Ve République, qui sanctuarise le modèle de la décroissance à crédit ainsi qu’un État hypercentralisé, obèse et impuissant, qui ne peuvent être ni soutenus, ni adaptés.
Le projet de réforme des retraites est exemplaire qui embolise le pays tout en échouant à rééquilibrer le système à l’horizon 2030. Il symbolise la paralysie d’institutions incapables de gérer les crises alors qu’elles furent conçues pour cela. La nouvelle ère ouverte par la guerre d’Ukraine relance les États-Unis mais donne le coup de grâce à la France qui, plus que l’Italie, est l’homme malade de l’Europe. Elle s’affaisse, suscitant le désespoir de ses citoyens et la consternation de ses partenaires, mais faisant le bonheur des démagogues, des fanatiques et des autocrates.
Affaissement économique
L’économie française est désormais reléguée au 7e rang mondial alors qu’elle était encore en 4e position en 2000. Le décrochage est encore plus spectaculaire en termes de PIB par habitant, où elle figure en 26e place avec une richesse inférieure de 15% au niveau allemand. La croissance potentielle est nulle du fait de la stagnation de la démographie et de la productivité – inférieure en 2022 à son niveau de 2019.
Le seul moteur de l’activité reste la consommation financée par la dette publique, tandis que la production, l’investissement et les exportations s’effondrent. Le déficit commercial atteint ainsi 164 milliards d’euros, soit 7% du PIB, et les parts de marché ont chuté depuis 2000 de 5% à 2,5% dans le monde et de 17% à 12,4% dans la zone euro, témoignant du recul continu de la compétitivité.
Affaissement social
Le budget social de la nation culmine à 34% du PIB. Il écrase les inégalités de revenus, ramenant le rapport entre les 10% les plus riches et les plus pauvres de 19,6 à 5,5 fois. Mais il peine à lutter contre la pauvreté qui concerne plus de 9 millions de Français. Il contribue à entretenir un chômage permanent, qui touche 7,2% des actifs alors que la plupart des pays développés sont en plein emploi, et à bloquer la mobilité sociale.
Au total, la nation et le territoire se fragmentent et la société est de plus en plus minée par une violence endémique.
Affaissement financier
Les dépenses publiques et les prélèvements obligatoires atteignent un niveau record de 57% et 47% du PIB alors que les services de base de l’éducation, de la santé, des transports, de l’énergie, de la police et de la justice ne fonctionnent plus. Le déficit est compris entre 5% et 6% du PIB et la dette publique a dépassé 3000 milliards d’euros au moment où les taux d’intérêt remontent vivement.
Un choc financier majeur est donc inéluctable dans la décennie, à l’image de la panique financière qui a frappé le Royaume-Uni en 2022.
Affaissement politique
La Ve République a été corrompue par l’hyper-présidentialisation. La décision publique conjugue l’autoritarisme et l’inefficacité. La communication a euthanasié l’action, faute de capacité à exécuter. Face aux chocs – krach, pandémie, crise énergétique, transition climatique -, l’État ne sait que dépenser « quoi qu’il en coûte ».
Il n’est plus au service de l’intérêt général mais des clientèles d’une classe politique dont les ambitions se limitent à son maintien au pouvoir à l’exclusion de tout projet pour la nation.
Affaissement diplomatique et stratégique
Pour s’être installée dans le déni sur la nature des empires autoritaires et sur le lien incestueux entretenu par le régime de Vladimir Poutine avec la guerre, la France s’est marginalisée après l’invasion de l’Ukraine, qui a aussi souligné l’obsolescence d’un modèle d’armée incapable de répondre aux conflits de haute intensité.
Dans une Union dominée par une Allemagne à la fois surpuissante et hésitante, elle est de plus en plus isolée et affaiblie, comme on le constate dans le domaine de l’énergie, de l’industrie ou de la défense.
Affaissement moral
L’irresponsabilité des dirigeants, enfermés dans le déni, a pour pendant l’individualisme radical et la perte de tout repère des citoyens. Les valeurs de la République, l’universalisme et l’humanisme sont systématiquement niés et soumis au feu croisé de l’extrême droite, des islamistes et du mouvement woke qui prospère au cœur de l’État.
Il faut utiliser la nouvelle donne issue de la guerre d’Ukraine pour moderniser la France et rassembler les Français afin de faire face à un monde compétitif, dangereux et violent.
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