Le tournant géopolitique que représente la guerre en Ukraine appelle une politique ambitieuse de défense contre les autocrates.
L’année 2022 a marqué un changement d’ère stratégique. La guerre d’Ukraine a ouvert la grande confrontation des empires autoritaires avec les démocraties. L’Europe, qui croyait la guerre impossible depuis la chute de l’URSS, fait face à un conflit qui rappelle le caractère central de la dissuasion nucléaire tout en soulignant l’importance de la puissance de feu, des frappes en profondeur, des drones et de la défense antimissile, mais surtout des données qui permettent la gestion en temps réel du champ de bataille. Il souligne aussi l’évolution vers une guerre globale dont les populations civiles sont la première cible et où la résilience est clé. Enfin, a été mis en évidence le rôle irremplaçable des alliances, l’extraordinaire résistance de l’Ukraine étant impossible sans le soutien des États-Unis et de l’Otan.
Les démocraties n’ont pas encore perdu face aux tyrannies du XXIe siècle. Elles continuent de disposer de formidables ressources, mais il leur reste à démontrer leur volonté de défendre la liberté, leur capacité à endiguer la pression militaire des empires autoritaires et leur aptitude à se réformer. Leur réarmement constitue pour cela un test décisif, particulièrement pour la France et l’Europe, en première ligne face à l’agression russe.
Notre pays se trouve ainsi placé par la guerre d’Ukraine devant des remises en question radicales et doit désormais clarifier son positionnement, ses alliances et son modèle d’armée.
La revendication du statut de puissance d’équilibre a conduit à multiplier erreurs et revers stratégiques, de la complaisance envers Moscou – réitérée par les déclarations d’Emmanuel Macron prétendant fonder la sortie de la guerre d’Ukraine sur la prise en compte des intérêts de sécurité de la Russie – jusqu’à la déroute africaine face aux djihadistes, en passant par la distance croissante avec les puissances du Sud global. Il est grand temps que la France, à l’image du général de Gaulle lors des crises de la guerre froide, réaffirme son engagement prioritaire au service de la défense de la démocratie. Ceci passe en premier lieu par une aide militaire importante à l’Ukraine, alors que la France reste très loin derrière les États-Unis, le Royaume-Uni ou l’Allemagne…
Lire la suite de l’éditorial sur lepoint.fr