À cinq mois de l’élection présidentielle en France, Nicolas Baverez et David Djaïz inaugurent une série de débats proposée par Le 1.
La France est-elle vraiment en déclin? Depuis son ouvrage La France qui tombe (Perrin, 2003), Nicolas Baverez ne cesse d’alerter sur l’état réel de la France, sans posture morale ni démagogie. Aujourd’hui, grâce à l’hebdomadaire Le 1 créé par Eric Fottorino, il débat avec David Djaïz, auteur du Nouveau modèle français (Allary) de l’état de la France.
EXTRAIT
« Le mot déclin convient-il pour qualifier l’état actuel de la France ?
NICOLAS BAVEREZ : Oui, il décrit exactement la situation de notre pays. La discussion est obscurcie par la confusion entre les jugements moraux et l’analyse factuelle. Parler de déchéance ou de décadence donne l’impression d’un processus irréversible. C’est une appréciation morale et non pas une analyse historique. Si l’on en reste aux faits, le déclin de la France est avéré. On en trouve bien des illustrations et des preuves.
Prenons d’abord l’économie. En 1900, la France est la quatrième puissance mondiale. En 2000 aussi. Aujourd’hui, elle se situe entre le sixième et le septième rang, et elle va continuer à perdre des places. Une économie assure trois grandes fonctions : la production, la régulation et la redistribution.
Chez nous, plus rien ne marche. La production stagne, avec une croissance potentielle très faible, de l’ordre de 1 % par an. La désindustrialisation est très marquée, avec une activité manufacturière inférieure à 10 % du PIB. Pour apprécier la puissance d’un appareil productif, on doit d’abord regarder sa compétitivité. Or la France va enregistrer cette année un déficit extérieur de l’ordre de 70 milliards d’euros. La production permet ensuite de distribuer. Or le pouvoir d’achat décroche de manière spectaculaire. La France et l’Allemagne avaient un PIB par habitant proche en 2000 ; aujourd’hui, il est inférieur de 15 % en France… »
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