Le sommet du G20 puis la COP 26 de Glasgow, sont l’occasion d’aligner les pays du Nord et du Sud autour des mêmes principes.
Le choix de l’Italie de réunir le sommet du G20 à Venise est hautement symbolique. La Cité des doges est en effet représentative des merveilles nées de la volonté et de l’imagination des hommes comme de la vulnérabilité de l’humanité face au réchauffement climatique puisqu’elle est, à l’instar de la plupart des villes côtières, menacée de submersion.
Alors que le monde est loin d’être sorti de l’épidémie de Covid, l’urgence climatique s’impose avec une force renouvelée. Le dérèglement climatique n’est plus un risque mais une réalité : il se traduit déjà par la hausse spectaculaire de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes, dont le coût estimé à 300 milliards de dollars par an pourrait doubler d’ici à 2030.
Le sommet du G20 puis la COP 26 qui se réunira à Glasgow en novembre présentent donc une importance cruciale. Ils doivent mettre au service de la lutte contre le réchauffement climatique les enseignements issus de l’épidémie de Covid. La coopération internationale est vitale car la décarbonation de l’économie comme l’immunité collective se jouent à l’échelle de la planète. Le rôle pilote du Nord a pour pendant l’aide aux pays du Sud, notamment ceux qui souffrent le plus du réchauffement alors que leurs émissions de carbone par habitant sont les plus faibles. L’innovation jouera un rôle central dans le domaine écologique comme dans le domaine sanitaire. L’intervention des pouvoirs publics est indispensable, mais c’est la mobilisation des acteurs économiques et sociaux qui fait la décision.
Au sein des grands pôles qui structurent la mondialisation, des changements positifs sont récemment intervenus qui montrent que la situation, pour être critique, n’est pas désespérée. Sous l’impulsion de Joe Biden, les États-Unis ont opéré un tournant spectaculaire : ils ont réintégré les accords de Paris, organisé un sommet des dirigeants sur le climat en avril dernier et pris l’engagement de réduire de 50 à 52 % leurs émissions d’ici à 2030 grâce notamment à un plan d’investissement de 2250 milliards de dollars dans les infrastructures et la transition énergétique. En Chine, Xi Jinping a annoncé le pic des émissions à 2030 et fixé pour objectif la neutralité carbone en 2060, ce qui implique une baisse des émissions de 90 % et une diminution du charbon de 60 à 5 % dans la production d’électricité d’ici à 2050.
L’Union européenne dispose d’une chance unique de prendre le leadership de la transition écologique et de renforcer ainsi sa légitimité, sa souveraineté et sa compétitivité.
L’Union s’est donnée pour nouvel objectif de réduire de 55 % ses émissions en 2030 par rapport à leur niveau de 1990. Elle entend y parvenir grâce au projet de « Green Deal », rendu public par la Commission le 14 juillet.
Le sommet du G20 puis la COP 26 de Glasgow, relancée par le retour des États-Unis dans l’accord de Paris, sont l’occasion d’aligner les pays du Nord et du Sud autour des mêmes principes : généralisation du prix du carbone ; sortie accélérée du charbon ; aide du monde développé aux pays les plus pauvres et les plus touchés ; coopération internationale pour la recherche dans les technologies clés que sont la captation du carbone, les carburants à hydrogène ou les batteries. La réussite de la décarbonation de l’économie dépend désormais de l’acceptabilité sociale et politique de la tarification du carbone dans les pays développés ainsi que de la capacité à imaginer une stratégie coordonnée entre les grands pôles économiques comme entre pays du Nord et du Sud. Elle suppose un étroit partenariat entre les États, les marchés et les entreprises, la transformation des comportements de consommation restant le moyen le plus efficace de modifier les modes de production et de financement.
À la lumière de ces enjeux, le projet de loi climat du gouvernement français apparaît mort-né. Il repose en effet sur des hypothèses de réduction des émissions caduques et fait l’impasse sur la tarification du carbone comme sur son accompagnement pour privilégier une myriade de mesures dévastatrices pour l’économie mais sans effet sur la baisse des émissions.
Il n’est pire ennemi pour l’action que l’idéologie. Il est donc temps pour la France de rompre avec une conception étatiste et malthusienne de l’écologie afin de se doter d’une stratégie crédible et cohérente de lutte contre le réchauffement climatique. Ceci implique de cibler les interdictions sur les produits les plus polluants pour donner la priorité à la tarification du carbone et à l’innovation. Dans le domaine de l’écologie comme de la santé, la solution ne réside pas dans le repli national, la restriction de l’activité et des libertés, mais dans la coopération internationale, le partenariat entre l’État et les entreprises, la mobilisation du marché et des citoyens au service du bien commun.
(Chronique parue dans Le Figaro du 19 juillet 2021)