Depuis 1978, la revue « Commentaire » veut éclairer les facettes d’un monde où l’histoire s’est accélérée, tout en s’engageant pour défendre la liberté.
Depuis sa création par Raymond Aron en 1978, Commentaire a cherché à éclairer les différentes facettes d’un monde où l’histoire s’est accélérée tout en s’engageant pour défendre la liberté. Trois grandes périodes se distinguent : la dernière décennie de la guerre froide ; le triomphe apparent de l’Occident après la chute du mur de Berlin ; la remontée en flèche des menaces sur la démocratie à partir des années 2010. Ces quatre décennies furent aussi marquées par l’interminable décrochage de la France qui succéda à la période de reconstruction et de modernisation de l’après Seconde Guerre mondiale. Il n’a cessé de s’amplifier, jusqu’à culminer en 2020 avec la perte de contrôle par les pouvoirs publics de l’épidémie de Covid-19, de la récession et de l’ordre public. Simultanément, l’Europe devint l’homme malade de la mondialisation.
Commentaire fut pour moi le compagnon de route de ces bouleversements et de ces grandes transformations. Comme lecteur, j’y ai trouvé la diversité des points de vue, la profondeur historique et philosophique, l’ouverture internationale qui font souvent défaut. Comme contributeur, je n’oublie pas que la revue fut l’une des toutes premières à me faire confiance, en publiant en 1984 une analyse des relations entre Raymond Aron et le Père Gaston Fessard.
Les articles parus au fil de cette collaboration de presque quarante ans s’ordonnent autour de trois grandes lignes. Le système international tout d’abord, marqué par la démesure qui s’empara des États-Unis après la désintégration de l’Union soviétique, la fin de la domination de l’Occident face à l’Asie où le centre de gravité du capitalisme a basculé, la corruption de la démocratie par le populisme dont la pleine mesure a été donnée par la présidence de Donald Trump et la prise d’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Ensuite, le déclin de la France et l’échec des tentatives pour l’interrompre et faire émerger un modèle économique, social et politique compatible avec le monde du XXIe siècle. Cet échec constitue une tragédie pour notre pays, mais aussi pour l’Union européenne, dont la refondation reste conditionnée par le redressement de la France. Alors que l’illibéralisme et la fascination pour la violence demeurent aux racines du mal français, j’ai enfin cherché à contribuer aux efforts pour réhabiliter les penseurs libéraux et souligner leur influence dans les moments clés de modernisation de notre pays, y compris au XXe siècle.
Les convictions qui m’animent sont simples :
- La liberté politique reste l’enjeu central de l’histoire du XXIe siècle où la démocratie est confrontée au populisme, au djihad et aux démocratures, après s’être opposée aux sociétés d’Ancien Régime au XIXe siècle et avoir triomphé des totalitarismes au XXe siècle.
- Cette même liberté est le seul remède efficace contre les dérives intérieures et les menaces extérieures qui peuvent emporter la démocratie.
- Ce sont les Français et non l’État qui détiennent la clé du relèvement de la France.
- Face aux démagogues, aux autocrates et aux fanatiques, face aux fake news propres à l’âge des réseaux sociaux, le citoyen comme l’intellectuel doivent appliquer la maxime forgée par Alexandre Soljenitsyne pour résister au mensonge et à la terreur communistes : « Crois tes yeux, pas tes oreilles ! »
Nicolas Baverez
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