Derrière les nombreuses critiques qu’a soulevées la campagne présidentielle émergent des raisons d’espérer pour la France.
La campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle de 2017 a été aussi surprenante que chaotique, surplombée par la poussée populiste, placée sous la menace du terrorisme islamique et dominée par les émotions. Elle témoigne de la situation critique de notre pays. Pourtant, sous les incertitudes, pointent des motifs d’espérer et des perspectives positives pour la France comme pour l’Europe.
- Si les débats ont été dominés par l’échec sans appel de François Hollande en termes de croissance, de compétitivité et d’emploi, la situation économique s’améliore tant dans le monde (3,5 %) que dans la zone euro où se poursuit une reprise lente mais solide (1,7 %). La France, coupée de la relance par le choc fiscal de 2012, pourrait en bénéficier pleinement si elle se réformait, portée par l’accélération des créations d’emplois, l’amélioration de son image et les opportunités qu’offre le Brexit de réinstaller Paris parmi les villes-monde qui structureront le XXIe siècle.
- La passion des Français pour la politique reste intacte. Elle s’est exprimée lors des primaires puis, au-delà des déceptions, par la prime donnée au renouveau, le désir d’éthique, l’intérêt pour les innovations – de la mobilisation des réseaux sociaux aux meetings par hologramme. La crise politique relève donc plus que jamais d’un problème d’offre et non pas de demande. La désintégration des partis traditionnels et l’éviction des dirigeants en place ouvrent la voie à une reconstruction et à un renouvellement de la classe dirigeante.
- La France ne fait plus figure d’exception au sein du monde développé et en Europe. Le clivage fondamental ne passe plus entre la droite et la gauche mais entre les réformistes et les populistes. Il renvoie à la division de la population et des territoires entre une France moderne, engagée dans la mondialisation, et une France en déshérence, exclue et déclassée. Mais les Français ont aussi fait part de leur volonté de refaire nation et de renouer avec le sens d’un projet collectif.
- Le déclassement de la France et des Français s’est imposé comme une réalité. Notre pays a été relégué à la 28e position mondiale en termes de PIB par habitant et 63 % de la population a vu ses revenus stagner ou baisser depuis 2005. Les nécessaires gains de pouvoir d’achat d’une population qui continue à augmenter et à vieillir sont incompatibles avec la décroissance. Ils passent par une croissance inclusive qui implique des gains de productivité et un effort spécifique en direction des populations et des territoires les plus vulnérables.
- Le rôle du travail a été souligné comme central pour le retour à la prospérité dans une économie de la connaissance comme pour l’adaptation à la révolution numérique. Le plein-emploi n’a rien d’une chimère mais une formidable mutation est en cours, notamment à travers la robotisation et le regain des travailleurs indépendants. Une réinvention du travail s’amorce autour de l’éducation et de la formation tout au long de la vie, de l’accompagnement de la mobilité professionnelle et de la reconfiguration de la protection sociale.
- La French Tech a été mise à l’honneur par la plupart des candidats, soulignant l’atout majeur que représentent pour la France ses entrepreneurs et ses cerveaux et témoignant de ce que le goût du risque et le sens du progrès ne l’ont pas désertée. Notre pays dispose d’un potentiel digital qu’il n’utilise que marginalement. La transition numérique constitue, avec la conversion écologique, le vecteur de la croissance future. Elle peut être accélérée par l’amélioration des financements, de la mobilité et de l’accès aux données publiques.
- Un large consensus a émergé autour de la sécurité nationale et de la priorité à accorder à la lutte contre le terrorisme ainsi qu’à la réponse aux menaces émanant des démocratures ou du cybermonde. Il appelle une meilleure coordination de l’action publique dans les domaines militaire et diplomatique, policier et judiciaire, économique et éducatif, ainsi qu’un réinvestissement dans la défense à hauteur de 2 % du PIB entre 2022 et 2025.
- À force d’être utilisée comme bouc émissaire de la crise française et des défaillances de nos dirigeants, l’Europe a fini par faire l’objet d’un certain retournement de l’opinion qui a pris ses distances avec les propositions de sortie de l’Union ou de la zone euro. Face aux risques du XXIe siècle, les acquis de l’intégration du continent en termes de sécurité, d’état de droit, de grand marché, de monnaie unique ont été mieux mesurés. Et même les candidats populistes ont été contraints de nuancer leurs attaques.
L’idée refait ainsi surface que l’avenir des nations et le renforcement de l’Union sont indissociables.
Cette chronique est publiée simultanément
par sept quotidiens européens