Le risque politique et social a changé d’intensité et de nature au cours de la présidence de Hollande. La violence et l’insécurité ont explosé, ruinant la paix civile.
Le général de Gaulle aimait à rappeler que « la France est un pays qui ne fait des réformes qu’à l’occasion des révolutions ». Tel est l’enjeu de l’élection présidentielle de 2017, qui constitue la dernière occasion de réformer notre pays de manière démocratique et pacifique. Depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump, elle comporte également une dimension historique pour l’Europe et pour les démocraties. Une victoire de Marine Le Pen remettrait en cause l’appartenance de la France à l’Union européenne et à la zone euro, précipitant leur éclatement. Par ailleurs, elle donnerait un formidable coup d’accélérateur aux forces populistes.
La France est en effet un pays systémique. Elle reste la sixième puissance économique du monde, représentant 14 % du PIB de l’Union et 19 % de celui de la zone euro. Sa dette publique s’élève à 2 160 milliards d’euros à la fin de 2016, excédant largement les capacités du mécanisme de solidarité européen (900 milliards). Un défaut français provoquerait un choc financier sans commune mesure avec le krach de l’Argentine en 2001, qui a porté sur 100 milliards de dollars, la restructuration de la Grèce (320 milliards d’euros) et même la faillite de Lehman Brothers en 2008 (600 milliards de dollars). Enfin, la France dispose d’un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU, d’une dissuasion nucléaire autonome et d’un modèle complet d’armée qui en font la deuxième puissance militaire du monde occidental.
Le quinquennat de François Hollande a marqué une spectaculaire accélération du déclin de la France qui menace de devenir irréversible. Notre pays est devenu un risque pour nos partenaires européens comme pour l’économie mondiale.
Le risque est d’abord économique et social. Le modèle français est insoutenable. Il redistribue 15 % des transferts sociaux mondiaux à une population de 1 % de celle de la planète qui ne génère que 3,5 % de sa production. Il cumule la baisse de la croissance potentielle, aujourd’hui inférieur à 1 % par an, le chômage de masse (6,6 millions de sans-emplois), un double déficit structurel de la balance commerciale (2,2 % du PIB) et des finances publiques (3,3 % du PIB). La France affiche désormais des performances très inférieures à celle de la zone euro et a décroché des nations modernes en termes de compétitivité (30e rang sur 192), de richesse par habitant (28e rang) et d’éducation (26e rang sur 72 en sciences dans le classement Pisa).
Le risque est aussi financier. La dette publique atteint 98,4 % du PIB, contre 20 % du PIB en 1980. Notre pays doit emprunter 180 milliards d’euros chaque année sur les marchés, principalement auprès d’investisseurs internationaux. Or les détenteurs de dette française sont de plus en plus inquiets, comme le montre la hausse des taux d’intérêt de 1 point depuis l’été 2016 qui générera une charge supplémentaire de 12 milliards d’euros sur le prochain quinquennat.
Le risque politique et social a changé d’intensité et de nature au cours de la présidence de Hollande. La violence et l’insécurité ont explosé, ruinant la paix civile en dépit de l’instauration d’un état d’urgence aussi permanent qu’inefficace. La France est, en dehors des zones de guerre, le troisième pays le plus endeuillé par le terrorisme.
Le Front national est la traduction directe du risque politique, avec à la clé sa stratégie de sortie de l’Union européenne et de l’euro. Il est devenu, sous Hollande, le premier parti de France et la force d’extrême droite la plus puissante en Europe. D’un point de vue électoral, son ascension est freinée par le scrutin majoritaire à deux tours. D’un point de vue politique et sociologique, en revanche, notre pays présente un terreau idéal pour sa percée : stagnation économique et chômage de masse, déstabilisation des classes moyennes, désarroi identitaire, insécurité intérieure et extérieure, fracture sociale entre inclus et exclus, délégitimation des institutions et de la classe politique. Ceci marque une différence majeure avec les Pays-Bas, où la crise identitaire est contrebalancée par une économie florissante – caractérisée par une croissance de 2,1 %, le plein-emploi (taux de chômage de 5,3 %) et une dette publique réduite à 65,1 % du PIB – , ce qui a puissamment contribué à l’échec de Geert Wilders.
Le risque France ne disparaîtrait pas avec une défaite de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017. Il ne peut être enrayé que par une thérapie de choc et des conditions indispensables à sa mise en œuvre : un leadership politique fort, un mandat réformateur clair adossé à une méthode et un calendrier maîtrisés.
(Chronique parue dans Le Figaro du 20 mars 2017)