Le président français nie le réel et commet quatre erreurs fondamentales. Pourtant, le déclin n’est pas une fatalité.
Après la promesse de réenchanter le rêve français durant la campagne présidentielle, la célébration de « la fin de la crise » en 2012, l’annonce que « la reprise est là » en juillet 2013 couplée à l’engagement de l’inversion de la courbe du chômage, François Hollande vient de proclamer que « le retournement arrive ». Cet incorrigible optimisme – digne du Docteur Pangloss dans le Candide de Voltaire – pourrait prêter à rire s’il ne servait de masque tragique au déni dans lequel reste muré le chef de l’État. Un déni qui condamne l’État à l’impuissance et interdit toute solution à la crise nationale qui ravage la France.
Le tournant effectué avec le pacte de responsabilité et la nomination de Manuel Valls au poste de premier ministre laissait espérer que François Hollande avait enfin changé sous la pression de ses échecs en chaîne sur la croissance, le chômage, les comptes extérieurs, les finances publiques, la crédibilité internationale de la France. En réalité, il n’en est rien. Pour François Hollande, ce n’est pas lui qui s’est trompé, mais l’économie qui lui a manqué et l’histoire qui a fauté. D’où son pari perdu par avance que les faits finiront par lui donner raison et que la mondialisation se ralliera aux principes de l’économie fermée et administrée des années 1960.
La réalité qu’il refuse de prendre en compte est tout autre. Plus le temps passe, plus le décrochage de la France s’amplifie – y compris face aux pays développés et à la zone euro –, plus les quatre erreurs fondatrices de ce quinquennat mort-né se révèlent destructrices :
- Erreur économique avec la conviction que la France est en pleine relance. Or notre économie est sortie de la récession mais demeure coupée de la reprise du monde développé et de l’Europe. Pour la première fois depuis deux décennies, la croissance française est inférieure à celle de la zone euro (1 % contre 1,2 % en 2014 et 1,5 % contre 1,7 % en 2015). Le chômage va continuer à progresser au moins jusqu’à la fin de 2015 tandis qu’il amorce sa décrue chez nos partenaires (11,8 % contre 12,1 % à fin 2013). Le déficit public français atteindra 3,9 % du PIB en 2014 contre 2,5 % pour la zone euro, tandis que notre balance commerciale sera déficitaire de 3 % du PIB contre un excédent de 3 %. Pendant que la France stagne, tous les autres progressent en Europe.
- Erreur stratégique avec le postulat que la reprise est mécanique alors qu’elle dépend des réformes, seules à même de générer les gains de productivité qui en sont le moteur. Ce n’est pas le mouvement naturel de l’activité mais la modernisation de leurs modèles économiques et sociaux qui ont permis au Canada et à la Suède dans les années 1990, à l’Allemagne au début des années 2000, aux États-Unis et au Royaume-Uni, à l’Irlande et à l’Europe du Sud actuellement de renouer avec la croissance et les créations d’emplois.
- Erreur politique avec le discrédit du tournant de la politique économique par l’idée que le retour de la croissance et du plein-emploi, le rééquilibrage des comptes publics et extérieurs sont acquis et qu’ils sont liés au mouvement naturel de l’économie et non pas à la volonté, à l’imagination et au travail des Français.
- Erreur intellectuelle avec une pensée archaïque, qui postule que la croissance obéit à des cycles mécaniques, que le développement est porté par l’État et non par les entreprises et les hommes, que le capital et la finance sont les ennemis du travail et de l’innovation, qu’il n’existe pas de limite à la hausse des prélèvements et des dépenses publiques.
Le déclin s’accélère avec l’exil massif de ses pôles d’excellence, des centres de décisions, des capitaux, des entrepreneurs et des cerveaux. Le Retournement reste purement rhétorique en l’absence de refonte du modèle français. La priorité donnée à la redistribution constitue un contresens radical alors que l’économie et la société se désintègrent en raison de l’insuffisance de la production et de l’excès de la régulation.
Notre pays n’est nullement condamné au déclin et possède encore les atouts pour se moderniser rapidement autour des trois R qui soutiennent la dynamique de sortie de la grande crise du capitalisme universel. La Réindustrialisation, vitale pour l’emploi, l’innovation et l’exportation comme l’ont montré l’Allemagne et les États-Unis.
La Réduction des impôts et des dépenses publiques. Les Réformes, qui sont la condition de la reprise de la croissance et de l’emploi et que nous sommes les derniers à refuser dans le monde développé : baisse de la fiscalité sur les entreprises et sur le capital, sortie des 35 heures et flexibilité du travail, retraite à 65 ans et disparition progressive des régimes spéciaux, révision des missions de l’État.
(Chronique parue dans Le Figaro du 12 mai 2014)