Entre déni et déclin, la politique de François Hollande à de quoi faire désespérer. La situation française est historique, mais pas insurmontable.
François Hollande demande à être jugé aux résultats. Le verdict vient d’être rendu à l’unanimité par Standard & Poor’s, la Commission européenne et l’OCDE, qui rejoignent les conclusions de la Cour des comptes et du FMI : la France est naufragée. Elle est enfermée dans la croissance zéro au moment où la reprise se dessine en Europe, notamment au Royaume-Uni, en Espagne ou en Irlande qui bénéficient de leurs réformes alors que la compétitivité de notre pays s’effondre. Loin de s’inverser, la courbe du chômage s’envole, la multiplication des emplois subventionnés dans le secteur public ne parvenant pas à compenser les destructions de postes dans les entreprises (110 000 depuis le début de 2013 et 60 000 à venir dans le cadre de plans sociaux). Le choc fiscal, en bloquant l’activité, contribue au déficit public (4,1 % en 2013 contre un objectif de 3 % du PIB) et à l’essor de la dette (95,4 % du PIB à fin 2014). La dégradation de la notation financière réduite à AA rend inévitable, à terme, un choc majeur sur la dette publique et le système bancaire français.
Le pari de François Hollande qui consistait à redresser les comptes par un choc fiscal sans précédent pour profiter ensuite de la reprise européenne est définitivement perdu. Sa pseudo-boîte à outils se résume une quadruple Débâcle :
- Le Déficit de croissance, d’emplois, des comptes public et du commerce extérieur. Le choc fiscal de plus de 70 milliards d’euros depuis 2012, joint au foisonnement des mesures hostiles aux entreprises – à l’image de la destruction méthodique de l’activité du bâtiment et de la construction – , a bloqué tous les moteurs de l’activité et fait basculer des secteurs entiers dans l’économie clandestine. La consommation est plate. L’investissement des ménages et des entreprises chute. Les exportations poursuivent leur recul. La répression fiscale, réglementaire et financière coupe les entreprises de leurs marchés et des investisseurs internationaux.
- Le Déclin, de relatif, devient absolu. La France ne se contente pas de décrocher des pays qui tirent la reprise, à l’image des États-Unis ou de l’Allemagne ; elle régresse en valeur absolue. Depuis 2008, sa population a gagné 1,5 million d’habitants mais le PIB a baissé de 1 % en volume, ce qui provoque une chute de la richesse par habitant (inférieure de 13 % à celle de l’Allemagne). La production industrielle a reculé de 16 %, ce qui est sans équivalent dans le monde développé. L’emploi marchand est passé de 16,4 à 15,9 millions de postes de travail. Une gigantesque poche de 2 millions de jeunes de moins de 25 ans sans qualification, sans formation et sans travail s’est constituée, tandis que 200 000 jeunes très qualifiés ont fait le choix de l’exil – plébiscité par 80 % des diplômés des grandes écoles. La France se remplit de taxes, de règlements, de chômeurs et de dettes, en même temps qu’elle se vide de ses entreprises, de ses capitaux et de ses cerveaux. Elle est sur la voie du sous-développement et constitue le principal risque de relance de la crise de la zone euro.
- Le Déni de la crise. Plus la France sombre dans la tempête, plus François Hollande répète qu’il n’y a ni mer ni vent. La politique est l’art d’agir dans le réel ; François Hollande prétend laisser du temps au temps pour transformer ses atermoiements en décisions et ses erreurs en vérités. Or les Français peuvent supporter les épreuves mais non pas la tromperie érigée en mode de gouvernement.
- Le Désespoir des citoyens face au vide et à l’incohérence du pouvoir est amplifié par l’absence d’opposition faute de leader, de stratégie et de projet alternatif crédibles. Les Français, contrairement à la classe politique, ont pris la mesure de la crise. Ils ressentent une angoisse et une humiliation profondes devant le déclassement de la nation. Ils ont pris acte de l’échec de François Hollande. Ils basculent dès lors dans le désespoir, qui se traduit par l’extrémisme et la violence. La guerre civile froide qui s’installe découle directement du discours de ressentiment et de haine qui a animé la campagne présidentielle et le début du quinquennat de François Hollande. À prétendre disposer de tous les droits sur les Français en confisquant leurs revenus, leur patrimoine, leur avenir, il les a rendus libres de se soulever.
Sören Kierkegaard, dans son Traité du désespoir, rappelle qu’« on ne désespère pas de n’être pas César mais de ce moi qui ne l’est pas devenu ». Barricadé dans son Palais, François Hollande est l’otage de son incapacité à remplir la fonction de chef de l’État. Il est un président en sursis. Son quinquennat est mort-né. Les élections de 2014 en dresseront l’acte de décès, qui seront un référendum sur la faillite de son leadership.
La France est à un moment décisif de son histoire. Elle affronte la situation la plus difficile depuis la guerre d’Algérie avec le président le plus faible de la Ve République. Or l’écart qui sépare l’effondrement du redressement, la mobilisation citoyenne de la violence n’est pas si grand. Il est encore possible de relever le pays à condition de dire aux Français la vérité sur la situation et d’engager une thérapie de choc. La priorité absolue doit aller à la reconstruction de l’appareil de production sans laquelle il n’y aura ni reprise, ni emplois, ni désendettement, ni paix sociale, ni restauration de la souveraineté. Cela suppose un changement radical de modèle et de politique économiques. Soit François Hollande l’assume et se donne les moyens politiques de le réaliser. Soit il restera pour l’histoire le naufrageur de la France et de la République et finira par devoir se démettre.
(Chronique parue dans Le Figaro du 18 novembre 2013)